
« Nous sommes descendus dans la rue en levant le symbole des trois doigts pour condamner le coup d’Etat militaire et demander le retour de la démocratie. »
Après un week-end marqué par des manifestations, les rues de la capitale économique de la Birmanie, Rangoon, ont à nouveau étaient prises d’assaut par les manifestants d’après The Southeast Asia Globe. Une mobilisation pour protester contre le coup d’État perpétré lundi 1er février par les forces armées birmanes. Les manifestants défilent ainsi dans les rues depuis plusieurs jours, agitant des drapeaux rouges portant le dessin d’un paon, « symbole ancien de la lutte pour la démocratie ».
La jeune génération birmane, inspirée par ses aînées et ayant grandi au sein d’un régime démocratique depuis dix ans entend bien se battre pour la liberté. Un ancien leader des soulèvements de 1988, Myo Min, maintenant directeur exécutif de l’ONG Equality Myanmar, explique que si les jeunes d’aujourd’hui ont appris de l’ancienne génération d’activistes comme lui, il sont également plus efficace dans leur manière de galvaniser les efforts de l’opposition.
« Le Mouvement de désobéissance civile fait savoir aux gens qu’ils ont le pouvoir d’agir individuellement. » rapporte-t-il.
L’une des formes de protestations encouragée par le Mouvement est le recours au boycott. Ainsi, des médecins, des ingénieurs ou des enseignants ont pris la décision de ne pas se présenter à leurs postes en signe de protestation. Du côté des manifestants, le salut à trois doigts, inspiré de la série de films Hunger Games, est utilisé comme symbole de résistance. C’est ce que relate le directeur du journal catholique Gloria News Journal à l’Agence Fides.
« C’est une campagne de désobéissance civile et de protestation pacifique qui implique des citoyens de toute culture, ethnie et religion. Aujourd’hui, la population n’est pas allée travailler et a déserté les services et bureaux publics. Nous sommes descendus dans la rue en levant le symbole des trois doigts pour condamner le coup d’Etat militaire et demander le retour de la démocratie. »
L’Agence Fides rapporte que selon des courses locales 700 000 personnes auraient participé à la manifestation de lundi. Joseph Kung Za Hmung se réjouit face à ce mouvement contestataire « interconfessionnel non-violent » qu’il considère comme « un grand encouragement » et une preuve d’unité.
« L’Archevêque de Mandalay, S.Exc. Mgr Marco Tin Win, et des prêtres de cet Archidiocèse se sont unis aux manifestants, les saluant avec le symbole des trois doigts levés. Des religieuses et des laïcs chrétiens y participent également aux cotés de moines bouddhistes. C’est un grand encouragement. Le pays est uni. De nombreux autres responsables religieux se sont unis par la prière. Il s’agit d’un mouvement interconfessionnel non-violent. »
Camille Westphal Perrier
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